Par Tzuri Hason, traduit de l’anglais par Faustine Goldberg-Sigal
Une composante de mon programme de certification pour les rabbins travaillant dans la diaspora est que je vis sur un campus résidentiel adjacent à la Yeshivat Mahanayim. Depuis environ deux mois, nous avons de nouveaux voisins sur le campus. Mes nouveaux voisins sont un groupe de huit jeunes gens des États-Unis qui sont venus en Israël pour étudier dans une yeshiva dans le cadre du programme “Darcheinu” (Notre chemin). Ce programme amène de jeunes hommes et femmes américains ayant des besoins spéciaux en Israël afin d’étudier la Torah. Le programme est semblable à l’année de césure que de nombreux jeunes hommes et femmes font entre l’obtention du diplôme d’études secondaires et le début de leurs études supérieures.
Le programme est placé sous l’égide de l’Institut Ohr Torah, les femmes de Darcheinu vivant et étudiant au Séminaire Lindenblum à Jérusalem, tandis que les hommes, jusqu’à cette année, sont allés à la Yeshivat Har Etzion à Alon Shevut. Cette année, cependant, les hommes ont été envoyés à Machanayim à Migdal Oz. Les participants sont mentalement très performants, mais ont des besoins comportementaux, physiques et mentaux particuliers. Pour les aider à répondre à ces besoins, ils disposent d’un large personnel dédié qui comprend des mentors, une “famille adoptive”, des gestionnaires professionnels et des administrateurs.
En plus d’être leur voisine, ma femme a donné aux étudiants des cours de photographie dans le cadre de leurs activités d’enrichissement, et nous en avons également accueilli un certain nombre pour les repas pendant la semaine et le Shabbat, leur donnant un sentiment un peu plus chaleureux. Lors de ces repas et des moments aléatoires où je les croise, dans les couloirs de la yeshiva ou à la synagogue, j’ai eu l’impression qu’il s’agit d’un groupe d’hommes vraiment impressionnant.
Malgré tous les défis d’être sans famille, rendus encore plus difficiles en raison de la situation avec le COVID-19, ils sont venus dans un pays lointain pour étudier la Torah. Ils ne sont pas ici seuls, mais en raison des restrictions du COVID-19, leurs parents ne peuvent même pas venir leur rendre visite. Malgré cela, ils ont maintenu un esprit incroyable et je les ai vus se soutenir mutuellement avec patience et attention.
Il y a une image spécifique qui ressortira dans ma mémoire. Deux membres de ce groupe sont des cohanim et accomplissent la bénédiction sacerdotale pendant nos prières du matin. Pendant ‘Hanoucca, lorsque la plupart des étudiants de Yeshiva étaient absents, j’ai pu m’asseoir plus près de la bimah d’où les Cohanim font face à la foule pour leur bénédiction. (Le beit midrash est divisé en capsules et les étudiants mariés ne peuvent s’asseoir à proximité d’aucun d’eux) Ce que j’ai vu m’a vraiment ému. Yochanan, qui est trisomique, et Nissin, qui a un handicap congénital, sont allés ensemble à la bimah, mais juste avant leur arrivée, ils se sont arrêtés et se sont fait face. Yochanan a ajusté le talith qui était sur la tête de Nissin pour qu’il couvre ses mains afin qu’il puisse donner la bénédiction correctement.
À première vue, cela semble être un simple acte d’entraide, mais quand je les regarde, je vois tellement plus. Je vois deux personnes qui surmontent tant de défis dans leur vie et qui ne laissent pas leurs limites les empêcher de faire ce qu’ils veulent. Ce n’est pas seulement le triomphe de l’esprit humain, mais aussi le triomphe de l’amitié et de l’attention. Je vois un homme qui non seulement surmonte ses propres défis, mais aide son ami. De plus, cet ami, qui a tant surmonté lui-même, mais qui a encore besoin de quelqu’un pour l’aider à ajuster un peu plus le talith, n’a pas honte de lui demander de l’aide.
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