Ecrit par Josh Weiner, traduit de l’Anglais par Faustine Goldberg-Sigal

Cet article fait suite à celui-ci.

 

Comme cette nuit est différente de toutes les autres nuits. Mais d’une certaine manière, comme elle est juive! Les juifs sont un peuple paradoxal, qui s’accroche à une tradition stricte et qui trouve toujours le moyen de s’adapter à une réalité mouvante. Pendant plus de 2000 ans, les juifs ont adapté Pessah aux situations qu’ils vivaient: furent-elles des persécutions, des exils ou le confort de communauté florissantes. Cette année, Pessah sera difficile et étrange et appellera beaucoup de créativité. Et pourtant, il se joindra à la chaîne de milliers d’années de sedarim de Pessah demandant de la créativité. Ce que nous faisons cette année résonnera aussi dans le futur et entrera dans les annales de notre peuple. Nos innovations pourraient être les traditions des prochaines générations. C’est peut-être difficile de penser ainsi, en regardant notre situation avec la perspective de milliers d’années – et c’est aussi possible d’être juste où nous sommes, en faisant de notre mieux avec ce qu’on a. C’est ce que les juifs font! 

 

Ressources (liens cliquables)

 

  • A Different Pessach – une collections d’idées pour le seder 2020 (également en anglais)
  • Seder2020.org – pour trouver un seder virtuel auquel participer ou inviter des gens au votre

 

 

Idées et suggestions

 

Avant le seder

  • Préparez vous à la soirée avec des amis et votre famille par téléphone ou internet. Vous pourrez partager au moins le sentiment que toute la communauté vit cela ensemble – séparément.
  • Parlez et comparez vos projets avec ceux des autres, si vous le souhaitez. Volez des idées!
  • Ecrivez des questions auxquelles vous souhaitez réfléchir pendant le seder.
  • Préparer un excellent repas de choses dont vous avez envie, à partir de la nourriture à laquelle vous avez accès. Vous pouvez trouver des recettes Pessah-friendly faciles ici, vers la fin de la page, ou un menu simple ici. Mais ne laissez pas la cuisine devenir un facteur de stress pour la soirée.
  • Si vous n’avez pas de haggadah, téléchargez-en une ou créez-en une personnalisée (cf section ressources)
  • Vous pouvez faire le seder dans des vêtements plus élégants que d’habitude – ou en pyjama. Les deux sont des signes de liberté!

 

Pendant le seder

Kadesh

C’est le premier des quatre verres de vin que l’on boit à Pessah. Quatre verres seul?! Pourquoi pas. Ce soir est différent. C’est l’un des signes que nous sommes libres, et cela nous rappelle que ce repas est important et sacré. Allongez-vous copieusement sur votre canapé ou dans l’endroit le plus confortable de votre maison pendant que vous buvez. 

 

Urchatz

Le lavage de mains n’a jamais eu autant de sens que cette année! Mais prenez le temps de profiter d’un lavage de main rituel sans objet rationnel hygiénique. Sentez l’eau qui coule sur vos mains. C’est cela qui marque le début de l’expérience du seder. 

 

Karpas

Il y a différentes traditions quant au légume utilisé pour le karpas, mais vous pouvez vous réapproprier la version romaine antique de cette tradition: un légume délicieux à grignoter pendant que vous faites toute la discussion qui précède le plat principal. 

 

Yachatz

  • Quel sens donnez-vous à ce rituel de rompre la matsah du milieu? Peut-être que vous pouvez regarder les matsot cassée et entières, et réfléchir à ce qui est cassé et ce qui est entier dans le monde autour de nous. 
  • Le texte traditionnel dit ici quelque chose de surprenant: “Cette année, nous sommes des esclaves ; l’année prochaine, nous serons libres.” Que voulait dire cette phrase l’an passé? Que veut-elle dire cette année? A quoi ressemblera votre prochain Pessah?
  • Le texte ajoute un signe de bienvenue au monde : “Que tous ceux qui ont faim viennent ici et mangent! Peut-être qu’on devrait sauter cette partie ce soir. Peut-être qu’on devrait la laisser comme voeu pour le futur. 

 

Maggid

 

  • C’est le coeur du récit du seder. C’est là que vous pouvez être le plus vous-même.
  • Vous pouvez dire les mots de la haggadah dans n’importe quelle langue qui vous plaise, ou savourer l’étrange familiarité des textes en hébreu.
  • Si vous supportez le sentiment d’étrangeté que cela donne : parlez-vous à vous-même à voix haute!
  • Prenez la tradition de la question-réponse sérieusement. Peut-être pouvez-vous préparer des questions en avance auxquelles vous souhaiteriez prendre le temps de penser. 
  • Lisez des parties de l’histoire de l’Exode et trouvez au moins une phrase qui vous parle cette année.
  • Une grosse partie du maggid traditionnel est une interprétation complexe mot-à-mot de quatre phrases du livre du Deutéronome. Regardez le texte original et posez des questions. Elaborez des réponses, également.  
  • Dites les mots “pessah”, “matsah” et “maror” en les pointant du doigt sur la table. (Pessah est symbolisé soit par l’os grillé sur le plateau du seder, soit par le repas en général). Explorer ce qu’ils devraient symboliser cette année.
  • Trouvez des livres ou des poèmes dans votre bibliothèque que vous avez aimé mais n’avez plus regardé depuis des années. Lisez un passage à voix haute, cérémonialement. 
  • Terminez cette partie avec un autre bon verre de vin! 

 

Rachtzah

Lavez-vous les mains à nouveau! Appréciez l’absurdité et le sérieux d’être seul pendant tous ces rituels. 

 

Motzi Matzah

Enfin! On mange cette matsah! Il y a différentes symboliques de la matsah, le lechem oni: un pain de pauvreté, un pain de simplicité, un pain de difficulté, un pain qui donne des réponses. Qu’est-il pour vous? 

 

Maror

Cela ne va pas de soi que lors d’une célébration de la liberté, on amène l’amertume de l’histoire de Pessah sur notre table et en fassions l’expérience physique. Mais nous le faisons : en mangeant le maror avant le repas, nous insistons pour revivre aussi les aspects amers de la vie d’esclavage et d’oppression. Pourquoi? Et le harosset, ce mets sucré fait de pommes et de vin, est un symbole soit du ciment fait par les esclaves en Egypte, soit de la plaie du sang. Etrangement, ces deux mets symboliques, l’un doux et l’autre amer, sont mangés en même temps. 

 

Korech

Encore plus paradoxal: nous emballons le maror et la matsa et les mangeons ensemble. Pourquoi? 

 

Shulchan Orech

Régalez-vous d’un excellent repas, autant que faire se peut. 

 

Tsafoun

Tsafoun veut dire “caché”. Lors de grands sedarim avec beaucoup d’enfants, la moitié de la matsah (c’est l’afikoman) est caché au début du repas et les enfants qui la trouvent l’amènent à ce moment pour la manger. Cela a peu de chances de se passer si vous êtes seul/e cette année. Mais c’est le moment de réfléchir, le ventre plein, à l’idée de caché et d’incertitude dans notre monde. Un virus invisible a secoué notre confiance en l’avenir. Il y a aussi un autre aspect du caché : tout peut arriver! Un aspect sous-estimé de la liberté est que nous sommes ouverts à toutes sortes de surprises. Lancez-vous le défi de formuler un rêve optimiste.

 

Barech

Chantez birkat hamazon à voix haute, et terminez avec un troisième verre de vin. 

 

Hallel 

C’est une série de psaumes qui exprime la gratitude (bien que si vous regardez le texte du plus près, surtout au milieu, vous trouverez un rapport bien plus sombre et complexe à la fragilité de la vie). Prenez un moment pour penser à ce dont vous êtes reconnaissant, qui vous pourriez et devriez remercier en ces temps étranges. Et finissez avec un quatrième verre de vin – l’étrange goût de la liberté! 

 

Nirtzah

A la fin, il y a toutes les chansons classiques de Pessah. Chantez celles que vous aimez. Ou chantez ou fredonnez d’autres chansons que vous pensez liées à ce que nous vivons aujourd’hui. 

 

En souhaitant à tous de la santé, de la force et des moments de joie et de calme.