Ecrit par Samantha Vinokor-Meinrath, traduit de l’anglais par Faustine Goldberg-Sigal

 

Je passe beaucoup de temps à réfléchir et décrire mon amour pour les adolescents juifs. Cet amour me motive et inspire mon travail au quotidien, comme quiconque passe beaucoup de temps avec des ados. J’ai aussi une liste de défis, inhérente au travail avec cette tranche d’âge. J’espère qu’en les partageant, d’autres pourront partager non seulement les défis, mes des idées de solutions et pratiques pour transformer lesdits défis en opportunités de développement et de succès. 

  1. Les ados juifs, comme leurs pairs de toutes les religions, sont tous suroccupés. L’éducation et l’engagement juif ne sont qu’un pan d’une longue liste d’activité parascolaires. Trouver du temps avec eux et les amener à faire de leur temps juif une priorité est souvent le premier défi. 
  2. Dans mon travail avec des ados juifs, j’entends souvent des contradictions dans ce qu’ils cherchent et ce qui leur plait. Dans la même phrase, un/e ado peut me dire qu’il/elle veut plus de contenu, qu’il/elle veut que ça “vaille le coup” de venir à des activités – et simultanément que les choses soient fun et pas trop chronophages. Trouver l’équilibre entre les deux est le défi pérenne de l’éducation extra-scolaire. 
  3. L’adolescence est un moment d’incroyable(s) bouleversement(s), internes et externes. Chez les ados avec qui j’ai travaillé, cela se traduit souvent par une réticence à s’impliquer pleinement dans l’expérience éducative, au risque de ne pas apparaître cool et détaché. Créer un environnement où les ados peuvent mettre leurs insécurités de côté et s’autoriser à s’amuser sans inhibitions est souvent une gageure. 
  4. Les ados juifs de 2020 mûrissent dans un monde différent de celui des générations précédentes. En tant que millenial (ndlt: gens nés entre 1981 et 1996), je pense que mes expériences sont souvent similaires à celles de mes élèves de la Gen Z (ndlt: gens nés entre 1996 et 2010). Mais ils remettent en cause ces assomptions en permanence. Les ados d’aujourd’hui ont d’autres références et hypothèses sur le monde et d’autres préoccupations. Ils ont d’autres façons d’exprimer leurs identités et savoir les comprendre conditionne la possibilité d’établir des liens profonds. 
  5. Beaucoup des ados avec qui je travaille ne voient pas le judaïsme comme un réseau d’aspects interconnectés mais un spectre direct et ils établissent une corrélation entre leurs activités et croyances et un certain degré de judaïsme. Quand quelqu’un me dit “je ne suis pas aussi juif/ve” qu’un/etel/le, qui est la nouvelle version de “je suis un/e mauvais/e juif/ve”, notre conversation prend immédiatement un autre tour parce que je suis dans une croisade discrète pour que les ados soient fiers de leur judaïsme et de leurs choix juifs, même s’ils ne se manifestent pas de manière traditionnelle. 
  6. En même temps, j’essaye d’aider mes ados à reconnaître ce qui rend une activité ou un engagement juif, au-delà du fait qu’un/e juif/ve y participe. Je ne pense pas qu’il suffise de afire un laser game avec des juifs pour que ce soit une activité juive. Ce sont des juifs qui le font ensemble certes, mais explorer le judaïsme au-delà du fun d’être ensemble est pour moi le rôle de l’éducation juive. 

Et vous? Quel sont vos plus grands défis dans le travail éducatif avec des ados juifs? Dites-nous en plus dans les commentaires !

Samantha Vinokor-Meinrath est une éducatrice juive dont la passion est de travailler avec des ados et jeunes adultes juifs, pour parler d’Israël, d’histoire, de philanthropie, de nourriture – à travers des jeux aussi significatifs que possibles. Au quotidien, elle travaille avec la communauté juive de Cleveland et écrit une thèse en leadership éducationnel juif. Vous pouvez en lire plus sur son travail sur www.SamanthaVinokorMeinrath.com