– Parce que c’est EN CLASSE que les enfants doivent être attentifs et pas à la maison avec la fatigue et les émotions de la journée accumulées.

– Parce que les enfants ont besoin de moments détendus et de qualité avec leurs parents le soir et qu’à cause des devoirs même les parents l’ont oublié.

– Parce que corriger des devoirs le matin en classe pour une maîtresse revient à corriger les parents/la grande sœur/la prof de soutien et parfois l’enfant (!) et que ce sont 15 minutes de perdues chaque jour à faire tout au plus la police ou au mieux recopier des corrections au tableau.

– Parce que les élèves qui ont le plus de difficultés sont les enfants qui ont le plus besoin d’encouragements et de repos et ceux qu’on force à veiller et à avoir des profs de soutien ou une maman-au-bord-de-la-crise-de-nerfs qui lui donne l’impression (pauvre d’elle,elle fait ce qu’elle peut!) qu’il n’est bon à rien. Il le sait déjà merci.

– Parce qu’on peut aider les enfants à apprendre autrement qu’en leur donnant des exercices. Les fractions ça se révise en cuisine, les sciences en promenade, les maths sur la liste des invités, la lecture sur l’affiche de son prochain spectacle préféré, le français en rédigeant une carte d’invitation à la famille…

Battons-nous pour que les maîtresses donnent moins de devoirs écrits ( lecture, poésie, leçon : OK quand même!) et essayons de changer le regard que nous portons sur nos enfants qui sont souvent le rouleau compresseur de nos choix d’adultes…

 

Voici malgré tout mes conseils pour la gestion des devoirs. 

Plébiscités par les parents plus que les enseignants (si, si !), les devoirs écrits sont normalement interdits mais les habitudes ont la peau dure! Je me souviens m’être battue en CM2 pour que les parents acceptent que je limite les devoirs à des révisions de leçons alors que dans les autres CM2 il y avait beaucoup de devoirs écrits… Eh bien mes élèves ne sont pas ressortis plus bêtes!

Mes petits conseils :

– Choisir un endroit calme, si possible chaque enfant au même moment à des endroits différents.

– Sur une table, un bureau ou par terre, ce n’est pas un souci, on peut très bien réviser une leçon, apprendre une poésie allongé par exemple ; laisser l’enfant choisir, mais pour les devoirs écrits imposer une table.

– Laisser d’abord l’enfant lire ses devoirs seul sans être dans la pièce (possible dès le CP et à sa demande lui lire l’énoncé). « Je reviens dans 5 minutes ! Commence sans moi ! »

– Revenir et le féliciter s’il a commencé seul. Le cas échéant l’aider en lui disant que demain ce serait bien qu’il commence seul.

– Le laisser choisir par quoi il veut commencer, lui demander comment il va s’y prendre et le laisser se débrouiller.

– « Bon je vois que tu débrouilles très bien, continue et je reviendrai dans 10 minutes » (poser une montre ou un chronomètre près de l’enfant, nooon pas le chrono du iPhone !). « Je suis disponible si tu as besoin de moi mais je pense que tu peux y arriver seul. »

– Limiter le temps à 20 minutes au CP, 45 min en CM2. Notez ce qui n’est vraiment pas compris sur un carnet et y revenir le dimanche. Ce n’est pas le soir avant de dormir qu’on réexplique les fractions ! L’enfant ne retiendra rien. En attendant, l’aider au maximum afin que ça ne traîne pas trop.

– Si les rapports sont difficiles avec l’un des deux parents, échanger les rôles. Si c’est trop compliqué prendre une personne extérieure mais pas tous les jours car ça rend l’enfant trop passif devant son travail.

– En résumé essayer d’être le moins présent possible, ça bouscule toutes les habitudes mais c’est comme ça qu’on aide vraiment son enfant et qu’on préserve nos rapports avec eux.

Trop de familles vivent ce moment des devoirs comme une corvée et des conflits majeurs éclatent là où la famille devrait se retrouver au calme après la journée de travail et avant de dormir. Comme pour le sommeil, les débuts sont difficiles mais si l’on s’y tient l’enfant est plus autonome dans son travail et l’ambiance s’en ressent dans la maison. Les parents ont aussi plus de temps pour eux!Laissons nos enfants avoir le temps de s’ennuyer aussi, sans écrans, sans trop d’activités… Imaginer, construire, écrire, dessiner, raconter ce qui leur passe par la tête, pourquoi pas ?

Je vous souhaite à tous une belle rentrée sans pression , la vie n’est pas là!

 

Par Deborah Cohen-Tenoudji, Professeur des Écoles. Deborah vit aujourd’hui en Israël et accompagne les parents dans les problématiques d’éducation et d’apprentissage, notamment à travers le projet Nos Enfants Ont Du Génie- ילדים מקסימים